Lâcher de ballon

Lâcher de ballon

Accueilli comme un prince par l’équipe météo sortante, j’ai pu, dès le dimanche suivant mon arrivée sur la station, découvrir les lâchers de ballons stratosphériques. Ils m’ont ouvert les portes de leur bureau et ont pris le temps de répondre à mes questions. Mieux, ils m’ont proposé de lâcher un ballon ! Aller, je vous raconte …

A Dumont D’Urville, l’équipe en charge de la météo est constituée de 3 personnes. Un.e ingénieur.e, responsable de l’équipe, et deux technicien.ne.s. L’un d’eux est responsable de l’instrumentation, et participe donc au bon fonctionnement et à l’entretien des instruments de mesure. Les deux autres s’occupent davantage de la prévision. Envoyés par Météo France, ils travaillent 7 jours sur 7 pour nous fournir plusieurs bulletins météo par jour. Afin de nourrir les modèles météo de données réelles, il est nécessaire de réaliser des mesures sur le terrain. La mesure dont je vous parle aujourd’hui consiste en des lâchers de ballons quotidiens.

Ces ballons sont constitués de latex et sont gonflés à l’hélium. Ils fournissent un moyen de transport simple pour traverser rapidement toute la troposphère, qui est la couche de l’atmosphère la plus proche du sol, dans laquelle volent les avions et se forment les nuages. Les ballons parviennent même à réaliser des mesures dans la stratosphère, puisqu’ils peuvent atteindre des altitudes de l’ordre de 35 km.

Une sonde très légère, protégée dans une petite boîte de polystyrène de la taille d’un rubik’s cube, est rattachée au ballon par une ficelle. Cette sonde mesure la température, la pression et l’humidité. A l’aide d’un GPS, on peut également connaître la position de la sonde relativement au point de lancer, et donc connaître sa trajectoire dans l’atmosphère, ainsi que la vitesse et direction du vent. Les données mesurées sont envoyées en temps réel à la station, avec une portée de l’ordre de 150 km. Après un peu plus d’une heure d’ascension, le ballon explose, et la sonde chute dans l’océan ou sur le continent antarctique, selon le sens du vent.

Au sol, nous ne pouvons mesurer la température, la pression, l’humidité et les données vent qu’en un point. Ce ballon permet d’avoir un profil sur toutes les altitudes de l’atmosphère, et de fournir ainsi des données qui vont améliorer la précision des modèles de prévision. En effet, en Antarctique, il y a peu de mesures possibles, et il est capital pour les modèles d’avoir des points pour se recaler, et assurer une prévision plus fiable sur les jours à venir. D’autres mesures et observations viennent compléter ces données. Je vous en parlerai dans un prochain article.

Pour mon troisième jour sur la station, n’arrivant pas à dormir, avec la lumière du jour, je suis allé rejoindre nos amis de la météo, en ce beau dimanche matin, afin de voir comment se passe le lâcher. En pratique, la méthode est assez simple. On gonfle le ballon à l’hélium, puis on le ferme et on y attache la sonde, après que celle-ci a été calibrée et que la communication avec la station a été testée. Ensuite, il s’agit de lancer le ballon, et là, c’est très variable …

En effet, le ballon fait environ 1 m de diamètre, et, comme vous pouvez peut-être l’apercevoir dans certains de mes articles, le vent peut être très fort ici, et atteindre plusieurs dizaines de nœuds, soit aisément la centaine de kilomètres par heure. Heureusement, le hangar météo où sont gonflés les ballons protège un peu de vent, en plus d’un grand paravent  Les lâchers peuvent néanmoins devenir sportifs, selon la direction et la force du vent.

Par chance, ce dimanche est exempt de vent et les conditions sont idéales, si bien que c’est à moi de lâcher le ballon. La consigne est simple :

 tu marches tout droit, et quand tu arrives au bout de la passerelle, tu lâches le ballon et tu laisses la sonde décoller de ta main.

En pratique, c’est assez intimident, mais par chance, tout s’est très bien passé ! L’après-midi même, je recommençais avec un second ballon, bien plus gros, pour mesurer l’ozone stratosphérique. Mais ça, c’est une autre histoire que je vous raconterai plus tard dans l’année. Depuis, j’ai lâché 3 autres ballons et je ne m’en lasse franchement pas !

Je ne vais pas vous laisser sans quelques photos, pour que vous puissiez imaginer un petit peu mieux les conditions magiques dans lesquelles nous sommes amenés à travailler !

Je souhaite remercier l’équipe météo sortante, Adrien, Bertrand et Manu, pour l’énergie qu’ils ont mise à répondre à chacune de mes questions avec passion ! Un énorme merci à Pauline de l’équipe météo entrante, pour la correction de l’article, et la garantie que je ne raconte pas trop de bêtises ! Enfin, un grand merci à Etienne pour cette photo en argentique, qui me donne une sacrée allure de héros polaire !

1 réflexion sur “Lâcher de ballon”

  1. GUILLET ANNICK

    Sacrée expérience Valentin !
    C est génial de nous faire découvrir les autres métiers exercés sur le site de DDU, et que tu puisses y participer !
    Les photos sont magnifiques !
    Hâte de te lire dans de nouvelles aventures !
    Bisous 😘

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