Sans plus attendre, je vous raconte (et vous montre) mes premières aurores, en photos et en vidéos ! De quoi satisfaire les plus impatient.e.s d’entre vous …
Voilà maintenant deux mois que l’hivernage a commencé. Le soleil est de plus en plus bas, et se couche de plus en plus tôt. Les températures, elles aussi, descendent pour s’approcher des -20°C, et le vent glacial, qui atteint régulièrement les 100 km/h abaisse encore la température ressentie, jusqu’à -30 parfois. Pourtant, il est des spectacles de la nature qu’on ne peut se refuser d’aller voir, sous prétexte qu’on aurait froid ! Le problème avec les aurores, c’est qu’elles sont parfois très furtives, et le temps d’aller s’habiller chaudement, elles ont souvent disparu, ce qui frustre bien du monde ici. Alors moi, quand il y a une aurore, je sors, en chaussettes s’il le faut, et je profite du spectacle ! On comptera ses orteils et ses doigts après …
Plus sérieusement, mon métier de lidariste me fait nécessairement travailler de nuit, dès qu’il fait beau. Si le fait de devoir récupérer la journée et donc de dormir pendant que les autres vivent sur la station peut être une difficulté inhérente à mon poste, la chance d’être dehors et d’avoir la station et le ciel étoilé pour moi, alors que tout le monde dort (sauf le quart centrale), compense largement ce petit décalage de rythme. De plus, j’ai un rôle fondamental : réveiller tou.te.s les volontaires en cas d’aurore majeure, y compris en pleine nuit !
Après une bonne dizaine de jours d’hivernage, et alors que j’étais en pleine session de ménage pour m’avancer sur mon service base du lendemain (et pouvoir dormir plus tard), je suis sorti vérifier que tout se passait bien au Lidar. Et là, une lueur dans le ciel, comme je n’en avais jamais vue auparavant. Le premier reflex fût d’aller poster mon appareil photo, toujours prêt pour ce genre d’occasion. Mélaine, de quart centrale cette nuit là, m’a confirmé qu’il la voyait aussi, et à 3h du matin, nous nous décidons à appeler tout le monde, un à un dans leur chambre (depuis, on a un numéro d’appel groupé). Évidemment, le phénomène avait baissé en intensité, mais chacun et chacune a pu voir cette première aurore de l’hiver.
Chaque nuit qui suivra, dès que les conditions météo me permettront de sortir, j’irai installer mon matériel photo dehors, et j’irai braver le froid, en m’équipant cette fois, pour faire des photos d’aurores. Un véritable plaisir, sur une station où la pollution lumineuse est bien moindre qu’en métropole. J’alternerai entre time-lapse, photos, astrophoto, avec plus ou moins de difficultés et de réussite. En effet, le matériel n’aime vraiment pas le froid, et en particulier les batteries, même si je fais parti des plus épargnés de la station avec mon Canon 80D et ses deux batteries. Le vent, quand à lui, vient faire trembler les trépieds, et je suis obligé de l’enterrer dans la neige pour le stabiliser, en le gardant au plus proche du sol, ce qui oblige parfois à des exercices de contorsionniste sur glace, quand il faut viser au zénith. Les boîtiers ne sont pas conçus pour travailler avec des moufles, et même les gants ne sont d’aucun usage sur l’écran tactile. En quelques minutes de réglages, je perds mes doigts, et il faut alterner entre phases de réchauffage et phases de réglages. D’où parfois des mises au point très approximatives … Et quand on a eu la bonne idée d’emporter avec soi une monture astronomique pour la photo, qu’il faut aligner avec l’axe de rotation de la Terre (on parle de mise en station), qui plus est dans l’hémisphère sud (pas d’étoile polaire), sans pouvoir utiliser de boussole (le champ magnétique est vertical ici), croyez-moi qu’il faut être très patient, et pas trop frileux.
Mais le résultat en vaut la peine, et à défaut de voir mes collègues le matin, je leur montre le résultat de mes nuits de photo au petit déjeuner pour les plus précoces, ou leur envoie par message, afin de communiquer quand même, et qu’ils aient de jolies photos à voir au réveil. Ainsi, à défaut de beaucoup voir le soleil le jour, je vois au moins les fruits de son travail, la nuit. En effet, les aurores polaires sont causées par l’interaction à haute altitude (80 à 1000 km) des particules solaires chargées, issues de l’activité solaire, avec les gaz contenus dans l’atmosphère. Ces particules solaires sont déviées par le champ magnétique, et parfois, certaines d’elles reviennent en suivant les lignes de champ, ce qui les amène à des latitudes polaires, où on observe le plus souvent ce phénomène. Les différentes couleurs sont causées par la réaction avec différents gaz (rouge et vert pour l’oxygène, violet pour l’azote, par exmple). Mais qu’on le comprenne ou non, ce spectacle reste un vrai plaisir pour les yeux, et bien plus encore pour l’appareil photo, qui révèle les couleurs mieux que l’oeil. Surtout que jusqu’ici, les aurores observées sont toutes plutôt modestes. Vivement les grandes erruptions solaires qui embrasent le ciel …
Mais en attendant, on se contente de ce qui s’offre à nous, et ça tombe bien, parce que je vous ai concocté une petite vidéo compilation des meilleures photos et time-lapse que j’ai pu faire jusqu’ici ! En espérant qu’elle vous plaira !
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